Née en 1873 en Bourgogne, cette figure emblématique a marqué l’histoire littéraire française. Son talent d’écriture n’a d’égal que sa passion secrète pour la musique, souvent méconnue du grand public.
Dès son enfance, elle baigne dans un univers artistique. Sa maison natale, aujourd’hui labellisée « Maison des Illustres », témoigne de cette éducation riche en émotions. « La musique était ma véritable vocation », confiera-t-elle plus tard.
Son parcours unique mêle collaborations avec des compositeurs comme Ravel et Debussy. Première femme honorée par des funérailles nationales, elle reste un modèle d’audace et de créativité.
Découvrons comment cette artiste a harmonisé mots et mélodies, créant une œuvre intemporelle.
Introduction : Le secret musical de Colette
Derrière ses mots envoûtants se cachait une passion méconnue : la musique. Bien que célèbre pour ses textes, elle confia un jour : « La musique était ma véritable vocation ». Une révélation tardive, née d’un héritage familial profond.
Une révélation tardive
Dans un entretien de 1949, elle déclare :
« Nous sommes très musiciens dans ma famille »
. Ses archives, conservées parRadio France, révèlent des partitions annotées et des carnets de jeunesse. Pourtant, ce n’est qu’à l’âge adulte qu’elle assume cette dualité.
Son éducation explique cette ambiguïté :
- Sa mère, Sido, mélomane, l’initia au piano dès l’enfance.
- Les gammes répétées en janvier, quand le froid isolait la maison bourguignonne.
- Une jeune fille partagée entre les lettres et les notes, comme le rappelle l’émission Épisodes de France Musique.
La citation clé
Cette phrase résume son déchirement : l’écriture l’a emporté, mais la mélodie irrigua son style. Ses collaborations avec Ravel ou Debussy, ses chroniques dans La Cocarde, prouvent que la musique ne la quitta jamais.
Colette, une écrivaine au cœur de musicienne : Origines bourguignonnes
Les paysages bourguignons et le piano familial furent ses premiers professeurs de musique. À Saint-Sauveur-en-Puisaye, la maison natale, classée « Maison des Illustres », abritait un instrument témoin de ses jeunes années.

La maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye et son piano
Le piano droit, conservé aujourd’hui, révèle des partitions annotées et des exercices de Hanon. Frédéric Maget, directeur du musée, souligne : « Ces gammes répétées forgeaient sa discipline artistique. »
Jules Colette, son père, y chantait malgré son handicap. Une atmosphère où rythmes et mots s’entremêlaient.
Sido, une mère mélomane
Issue d’une famille d’artistes bruxellois, Sido transmit sa passion. Elle initia ses enfants au piano dès leur plus jeune âge. Ses oncles, journalistes et musiciens, enrichirent cet héritage.
L’éducation artistique de la jeune Gabrielle
Son éducation provinciale contrastait avec les salons parisiens. Pourtant, les collines bourguignonnes inspirèrent le tempo de sa prose. « La musique habite mes phrases », écrira-t-elle plus tard.
- Des cours de piano rigoureux, documentés dans ses carnets.
- Une sensibilité nourrie par les saisons et les silences de la campagne.
De la Bourgogne à Paris : L’éveil musical
Paris devient le théâtre de son épanouissement musical. Quittant la province en 1893, elle découvre un monde où arts et lettres s’entremêlent. Ce voyage marque le début d’une transformation créative.
1893 : Le départ pour la capitale
À 20 ans, elle s’installe au 55 quai des Grands-Augustins. Son mariage avec Henry Gauthier-Villars, dit Willy, ouvre les portes des salons parisiens. « Lui m’a appris à écouter », confiera-t-elle.
Leur appartement devient un lieu de rencontres. Compositeurs et écrivains y discutent jusqu’à l’aube. Cette effervescence influence profondément son style.
L’influence d’Henry Gauthier-Villars (Willy)
Willy, critique musical au Gil Blas, l’initie à l’écriture journalistique. Il l’encourage à publier sous pseudonyme. Dialogues de bêtes (1904) naît de cette collaboration.
Ensemble, ils fréquentent l’Opéra-Comique. Ces soirées affinent son oreille et inspirent ses futures chroniques.
Les premiers écrits sur la musique
Ses articles dans La Cocarde révèlent une analyse fine des œuvres. Elle y décrit « la couleur des sons », mêlant prose poétique et rigueur technique.
| Avant Paris | Après Paris |
|---|---|
| Piano familial en Bourgogne | Soirées à l’Opéra-Comique |
| Éducation isolée | Réseau artistique dense |
| Style provincial | Prose rythmée par la musique |
Cette période pose les bases de son œuvre future. La musique, désormais, habite chaque mot.
Immersion dans le Tout-Paris musical
Le Tout-Paris artistique des années 1900 devint son nouveau terrain de jeu. Entre salons littéraires et scènes d’avant-garde, elle découvrit un monde où les notes et les mots dansaient ensemble.
Les salons littéraires et musicaux
Chez la princesse de Polignac, elle côtoya Ravel et Stravinsky. Ces lieux, où l’on discutait autant de Pelléas et Mélisande que de poésie, façonnèrent son oreille. L’influence wagnérienne y était palpable :
- Les musiciens improvisaient sur des thèmes de Tristan et Isolde.
- Ses descriptions littéraires prirent un rythme opératique.
Le rôle de Willy comme critique musical
Son mari, Willy, chroniquait pour Le Gil Blas. Leurs styles contrastaient : lui, technique ; elle, sensorielle. « La musique doit se vivre, pas se disséquer », écrivit-elle en 1905.
| Critiques de Willy | Ses analyses |
|---|---|
| Focus sur la structure | Emphase sur l’émotion |
| Jargon technique | Métaphores sensorielles |
De Bayreuth aux avant-gardes parisiennes
Son voyage à Bayreuth en 1902 fut une révélation. De retour, elle fréquenta Debussy, dont les lettres témoignent d’une complicité artistique. Son réseau s’étendit de Messager à Satie, mêlant tradition et modernité.
La parenthèse du music-hall (1906-1912)
Entre 1906 et 1912, une période méconnue marqua sa carrière. Loin des salons littéraires, elle plongea dans l’univers audacieux du music-hall. Une femme libre, réinventant son art face aux défis financiers et sociaux.

La nécessité financière après le divorce
Son divorce la laissa sans ressources. Les cachets de 50 francs par représentation devinrent vitaux. « Le théâtre m’a sauvée », avoua-t-elle plus tard. Une histoire de résilience, où l’art devint un moyen de survie.
Pantomimes et scandales
En 1907, son baiser lesbien au Moulin Rouge fit scandale. Le costume de panthère, censuré par la préfecture, symbolisait sa rébellion. Georges Wague, son partenaire, décrivit leur collaboration comme « une fusion de poésie et de geste ».
L’Envers du music-hall : Transposition littéraire
Ces expériences inspirèrent La Vagabonde (1910). Le théâtre y est peint sans fard, mêlant glamour et précarité. Jean Lorrain, critique, y vit « une ode à la liberté féminine ».
- Cachets modestes, mais liberté créative.
- Critiques du Figaro saluant son audace.
- Un héritage où la radio redécouvrit ses textes bien plus tard.
Collaborations avec les grands musiciens
Son talent littéraire a naturellement attiré les plus grands noms de la musique. Ces rencontres artistiques ont donné naissance à des œuvres intemporelles, où mots et mélodies se répondent.

L’Enfant et les Sortilèges avec Ravel
Pendant six ans, elle travaille avec Maurice Ravel sur ce livret d’opéra. Leur correspondance révèle des échanges passionnés sur chaque détail. « Ce chat doit miauler en sol dièse », exigeait le compositeur.
L’enregistrement de l’INA capture la magie de cette collaboration. Un mélange rare de poésie et de précision musicale.
Les poèmes mis en musique
Plusieurs compositeurs ont été séduits par ses textes :
- Francis Poulenc et ses Chemins de l’amour
- Reynaldo Hahn avec Fumée
- Henry Gauthier-Villars pour des mélodies moins connues
Ces adaptations révèlent comment sa prose inspire la création musicale.
Les amitiés avec Debussy et autres compositeurs
Claude Debussy voulait écrire un opéra avec elle. Le projet avorta, mais leur amitié resta. « Vos mots sont déjà une musique », lui écrivit-il.
Ces relations ont marqué son style. Son écriture gagne en rythme et en fluidité, comme le montrent ses chroniques pour Radio France.
L’héritage musical dans son œuvre écrite
Son rapport à la musique a profondément influencé son style littéraire. Les notes et les mots se mêlent dans une symphonie unique, où chaque phrase respire au rythme d’une mélodie invisible.

Rythme et musicalité de sa prose
Les spécialistes relèvent une structure rythmique particulière dans Sido. Frédéric Maget, directeur du musée Colette, explique : « Ses phrases épousent des cadences musicales, avec des silences calculés comme des soupirs. »
Une analyse métrique de La Naissance du jour révèle :
- Des allitérations en cascade, évoquant des arpèges
- Des ruptures de rythme comparables à des syncopes
- Des descriptions paysagères organisées en mouvements
Thèmes récurrents liés à la musique
Son œuvre foisonne de références sonores. Les instruments y jouent un rôle symbolique :
| Instrument | Signification | Œuvre |
|---|---|---|
| Piano | Enfance et discipline | Sido |
| Clarinette | Liberté | La Vagabonde |
| Violon | Passion | Chéri |
Dans ses collaborations avec Ravel, cette synergie atteint son apogée.
Critiques et chroniques musicales
Son recueil La Jumelle noire rassemble des critiques acerbes et poétiques. Au Festival de Salzbourg en 1935, elle décrit :
« Les violons pleuraient comme des saules sous la lune. »
Ses souvenirs de concerts témoignent d’une oreille exceptionnelle. Elle captait autant la technique que l’émotion, faisant de chaque compte-rendu une œuvre à part entière.
Conclusion : La partition secrète de Colette
Son héritage musical continue de résonner dans les couloirs du temps. La maison Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye, désormais musée, expose ses carnets annotés de partitions. Ces trésors révèlent une femme dont la prose épousait les mélodies.
Des compositeurs comme Kaija Saariaho s’inspirent encore de son œuvre. Un circuit visite en Bourgogne lie lieux littéraires et scènes musicales, hommage à sa double passion.
Redécouvrez ses chroniques oubliées, où chaque mot danse. Comme l’écrivit Jean Cocteau : « Elle écrivait comme on improvise au piano. »



